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Le Moyen âge 5

1er épisode

2ème épisode

3ème épisode

4ème épisode

5ème épisode

6ème épisode

7ème épisode

8ème épisode

Le Moyen âge
à travers la littérature locale

 

Pierre-Georges Duhamel pour « Jean de Berry »

 

 

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Julien Molard pour « Vers l’unité de la France »

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Jacques Faugeras pour « Perrinet Gressart »

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Pierre Braud pour « l’imagier du duc de Berry »

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Débat animé par Jean-Baptiste Luron pour « RCF en Berry » également diffusé sur « Terroir du Cher ».

 

5ème épisode :

Quand le roi de Bourges
traite avec un chef de bande

 

JBL : On a deux personnages, Alain Chartier et Louis de Sancerre, qui, contrairement à ce que vous disiez, Jacques Faugeras, sur l'ensemble de la noblesse, n'étaient pas vraiment intéressés par leur intérêt propre.

JF : En ce qui concerne Louis de Sancerre, certainement pas. Il a été d'une parfaite loyauté pendant toute sa vie vis-à-vis de ses rois. Il a commencé sous Charles V et terminé sous Charles VI.

JM : De même pour Alain Chartier qui a avec grande fidélité Charles VI et qui continuera à servir le régent, le Dauphin, futur Charles VII. On a un profil un peu identique quant au sens du service de ces deux personnages. Bien sûr, Alain Chartier étant notaire secrétaire du roi, il ne faisait pas partie de la noblesse de cour.

JF : De même, il ne faut pas perdre de vue les difficultés de communication de l'époque. Comme disait très bien le docteur Duhamel tout à l'heure, on ne pouvait circuler qu'à cheval, les nouvelles mettaient particulièrement longtemps à parvenir d'un endroit à un autre. De sorte que la plupart des chefs de guerre, selon qu'ils étaient sur un front ou sur l'autre, ignoraient absolument ce qui se passait dans le reste du royaume. De Bueil, par exemple, sa carrière, cela a été essentiellement en Touraine, dans le Maine, ensuite en Normandie et en Guyenne, mais il ne s'est jamais occupé de ce qui s'est passé dans les environs de Bourges ou ailleurs. Autre chose fort importante que le Docteur Duhamel a bien souligné, qu'on a trop tendance à oublier en raison de ce qui est resté dans l'esprit populaire, "Charles VII, le petit roi de Bourges", n'est qu'une image. Enfin, il avait tout le sud de la France qui était derrière lui. En particulier le Languedoc qui a très largement financé toute la reconquête.

PGD : Trop largement à son goût !

JBL : Etait-ce déjà une histoire de communication politique ?

JF : De communication pure et simple oui. Politique, Je laisse à mon voisin le soin de répondre.

JM : Je pense que oui puisqu'on a la presque certitude que c'est le duc de Bedford, régent de France pour le roi d'Angleterre qui a affublé le futur Charles VII, qui n'est pas encore roi, du vocable de "roi de Bourges". Et c'était déjà de la communication politique.

JF : C'était péjoratif.

JM : Tout à fait.

JF : Cela permettait de diminuer l'impact qu'il pouvait avoir sur la population. Je voudrais ajouter quelque chose à propos de Perrinet Gressart parce que je pense qu'on n'aura plus l'occasion d'en reparler. Ce qui m'a paru fabuleux dans l'aventure de cet individu, c'est qu'après avoir, pendant une bonne quinzaine d'années, tenu la dragée haute au roi de France, lorsque le roi de France et le duc de Bourgogne se sont réconcilié en 1435, il avait acquis une telle importance, cette espèce de bande de terrain était devenue sa chose, sa principauté, il a refusé que les territoires, sur lesquelles il "régnait," soient compris dans le traité d'alliance entre le roi de France et le duc de Bourgogne. Et il a exigé que Charles VII signe un traité particulier avec lui. Cela donne une idée de l'importance de ce bonhomme. Et les sommes qu'il a pu recevoir à l'époque pour prix, je ne dirai pas de sa soumission, mais de l'accord qu'il acceptait de faire avec le roi de France, était quelque chose de fabuleux parce qu'il a fallu je ne sais combien de chariots remplis de tonneaux pleins de pièces d'or et d'argent. Il a fallu faire protéger ce convoi d'or et d'argent par une troupe importante de façon à ce qu'il arrive à bon port dans les caisses de Perrinet Gressart. Et en définitive, le roi de France, non seulement a lâché une somme énorme, mais il va nommer Perrinet Gressart gouverneur à vie de La Charité mais également du Nivernais. Il a magnifiquement mené sa barque.

JBL : Perrinet Gressart n'était pas un inconnu. Il a eu son heure de gloire auparavant, puisqu'il a fait lever le siège de La Charité par Jeanne d'Arc.

JF : Oui, c’est exact. Après l'odyssée de Jean d'Arc, c'est-à-dire qu'après la délivrance d'Orléans et le sacre du roi, on sait de quelle façon Charles VII a licencié son armée à Gien. Il est revenu à Bourges et à Mehun. Jeanne d'Arc l'a suivi. Elle aurait voulu continuer à se battre. Elle était animée par cette volonté extraordinaire de bouter l'Anglais hors du royaume. Il faut bien dire que, dans l'entourage du roi, et en particulier La Trémouille, on était d'un avis tout à fait opposé. Et ils ne songeaient guère qu'à une chose, c'est se débarrasser de cette fille gênante qui était devenue extrêmement populaire auprès du peuple alors que lui ne l'était pas du tout. Et c'est certainement La Trémouille qui a eu l'idée, pour se débarrasser d'elle, de souffler à Charles VII de l'envoyer pour libérer les deux places qui étaient occupées par les Anglo-Bourguignons, c'est-à-dire Saint-Pierre-le-Moûtier, le plus au sud, et La Charité-sur-Loire. La Charité-sur-Loire étant la "petite capitale" de Perrinet Gressart, et surtout le point de passage sur la Loire, grâce à son pont. Jeanne d'Arc est donc partie. Officiellement, ce n'est pas elle qui commandait l'armée, c'était d'Albret. Mais il était bien entendu que les ordres et l'initiative étaient réservés à la Pucelle. La prise d'assaut de Saint-Pierre-le-Moûtier n'a pas été une chose facile. Et l'histoire raconte d'ailleurs que le fait d'arme personnel de la Pucelle a littéralement galvanisé ses hommes alors qu'ils étaient déçus de n'avoir pas pu prendre la ville. Et en définitive, elle a réussi à les relancer à l'assaut et à prendre Saint-Pierre-le-Moûtier.

A la suite de cela, avec d'Albret, ils sont remontés pour s'attaquer à La Charité. C'était beaucoup moins aisé. La ville était bien mieux défendue. C'était Perrinet Gressart, en personne qui assurait le commandement de la défense de la ville. Là encore, La Trémouille a joué un jeu néfaste en s'arrangeant pour que les renforts, et notamment le matériel que d'Albret et Jeanne d'Arc étaient en droit d'attendre, ne leur soient pas renvoyés. Le siège a été long et difficile. Les assauts furent repoussés de telle sorte que commencé au mois de juillet, le siège piétinait toujours vers la fin de l'automne. Jeanne d'Arc s'est rendu compte qu'elle ne pourrait pas venir à bout de la résistance de La Charité. Elle a laissé à d'Albret le soin de continuer le siège. Et on l'a retrouvée quelques semaines plus tard à Jargeau. D'Albret continue le siège sans plus de succès. Quelques temps avant Noël, à la suite d'un nouvel assaut malheureux, il semble qu'une sorte de panique se soit emparée de d'Albret et de ses hommes, puisqu'ils ont levé le siège. Et ils l'ont levé précipitamment en abandonnant la majorité de leur artillerie lourde. J'en ai fait état dans "Perrinet Gressart". A la suite de sa publication, j'ai reçu une lettre très intéressante d'Orléans me disant que dans les archives d'Orléans, il y avait deux documents qui prouvent que d'Albret n'a pas abandonné toute son artillerie. Ces documents attestent des sommes versées à des transporteurs routiers d'Orléans qui sont allés à La Charité pour rapporter ce gros matériel militaire.

JBL : Jeanne d'Arc, c'est aussi tout un symbole religieux. Pierre Braud nous disait tout à l'heure que la religion servait également d'animation culturelle. Perrinet Gressart n'était pas parmi les gens préoccupés par ce genre de problème.

JF : Absolument pas ! Il semble que cela ait été le dernier de ses soucis. Il est possible d'ailleurs que, avant qu'il ait pris La Charité pour le compte du duc de Bourgogne, il ait pillé la ville. Ce qui est sûr, c'est qu'à partir du moment où il a été maître de La Charité, il a toujours protégé et la ville et les religieux qui y résidaient. Ils lui en ont su gré car pendant quinze ans ils ont eu vraiment la paix alors que tout le reste du pays aux alentours était livré à la guerre.

JBL : Jean de Berry, c'était un bâtisseur. En matière de religion, il n'a pas laissé sa part.

PGD : Il n'a pas laissé sa part en aucune matière de construction que ce soit religieuse ou civile. On a parlé de ses nombreux châteaux tout à l'heure. Et il est vrai que Jean de Berry a beaucoup contribué à l'architecture religieuse. C'est lui qui a doté la cathédrale de Bourges de ce qu'on appelle le grand houstaud, c'est-à-dire la façade entièrement décorée d'une rosace extraordinaire. Ca, c'est son œuvre. Il avait également voulu créer d'abord une chapelle personnelle dans la cathédrale de Bourges. Cette chapelle a été faite, mais achevée après lui, tout simplement parce que l'archevêque de Bourges, qui avait déjà logé Jean de Berry dans ses propres locaux pendant un certain temps, voyait d'un très mauvais œil que Jean de Berry vienne se faire enterrer dans sa cathédrale de Bourges. Jean de Berry n'a pas voulu se fâcher avec l'archevêque. Et il a entrepris, assez tard dans sa vie, d'ailleurs, la construction de la Sainte Chapelle de Bourges qui est un monument extraordinaire puisque tout le monde s'accorde à dire qu'elle valait bien la Sainte Chapelle de Paris. Elle avait été faite sur le modèle de celle de Paris. C'est vous dire que Jean de Berry n'a pas été inactif dans ce domaine. N'oublions pas non plus qu'il a créé un nombre d'abbayes que je ne connais pas parce que je ne les ai pas toutes notées. Mais dans ses provinces, il a construit beaucoup d'abbayes richement dotées. L'activité religieuse de Jean de Berry est indéniable. Il faut ajouter que Jean de Berry était également un bon bigot. Il croyait aux reliques. Il croyait aux pèlerinages, il en accomplissait autant qu'il pouvait et en particulier en certaine circonstance: Quand son frère lui a retiré l'Aunis et la Saintonge, Jean de Berry s'est dit "Oh là là ! ça va assez mal pour moi. Il faut que j'aille voir mon frère." D'ailleurs sons frère l'avait convoqué. Et il y est allé. C'est-à-dire qu'il est parti depuis le Poitou, où il se trouvait à ce moment-là, pour rejoindre Paris. Et il a fait des neuvaines dans huit ou dix endroits de façon à être bien sûr de se réconcilier avec son frère. Cela faisait partie de son personnage.

 

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