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Le Moyen âge 7

1er épisode

2ème épisode

3ème épisode

4ème épisode

5ème épisode

6ème épisode

7ème épisode

8ème épisode

Le Moyen âge
à travers la littérature locale

 

Pierre-Georges Duhamel pour « Jean de Berry »

 

 

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Julien Molard pour « Vers l’unité de la France »

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Jacques Faugeras pour « Perrinet Gressart »

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Pierre Braud pour « l’imagier du duc de Berry »

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Débat animé par Jean-Baptiste Luron pour « RCF en Berry » également diffusé sur « Terroir du Cher ».

7ème épisode :

La place de la femme

 

JBL : Quelle était la place de la femme à cette époque ?

JM : Je suis de ceux qui pensent que la place de la femme, à cette époque, était très importante. Le contemporain de Jeanne d'Arc d'Alain Chartier et de Gerson, c'est Christine de Pisan. Or, Christine de Pisan, veuve, mère de trois enfants, a vécu toute cette période difficile et s'est assumée comme premier écrivain. La femme au Moyen âge a certainement beaucoup plus d'importance que ce que nous l'imaginons parce que nous voyons la femme à travers le XIXème siècle. La femme du XVème, la femme du XIVème étaient beaucoup plus indépendante.

PGD : Je dirais même que la femme au Moyen âge avait beaucoup plus d'importance que la femme au XIXème siècle.

JF : Tout ce qui me frappe au cours de notre entretien, à plusieurs reprises, il a été question des impôts que levaient le roi ou les grands feudataires, mais on s'est toujours contenté, et on ne pouvait pas faire autrement, de prendre de l'argent pratiquement là où il n'y en avait pas. Je pense que c'est parce qu'on a fait l'impasse une sur classe sociale sur la bourgeoisie, qui, elle s'était déjà enrichie. Dès le XVème siècle, à Sancerre, par exemple, la bourgeoisie était devenue riche, opulente. Mais il est vrai que le seigneur, à ce moment-là n'était plus à Sancerre. Et cette bourgeoisie a éprouvé le besoin de construire ce beffroi arrogant, juste en face, à cent cinquante mètres du château de Sancerre pour bien prouver son importance. Et elle aspirait à quoi, cette Bourgeoisie ? La richesse, elle l'avait déjà. C'est au pouvoir qu'elle aspirait ! Il va lui falloir attendre 1789 pour l'arracher.

PGD : La remarque de notre ami est tout à fait pertinente. Mais je pense tout de même que dans ces périodes où les guerres ont duré des dizaines d'années, la bourgeoisie a payé aussi. Pas de bon gré d'ailleurs, souvent même en étant assommée. Mais je crois qu'elle a participé aux prélèvements. La seule catégorie qui n'y ait pas participé, c'est l'Eglise qui est passée complètement à côté des impositions, mais qui n'est pas passée à côté des pillages et des destructions.

JBL : On vient d'évoquer le XIXème siècle qui a été un moment important dans l'étude de l'histoire. Les historiens de cette époque n'ont-ils pas réduit le rôle du Moyen âge et plus particulièrement de la guerre de cent ans qui a d'ailleurs duré un peu plus de cent ans ?

PGD : Elle a commencé bien avant.

JF : Elle a commencé quand Aliénor s'est séparée de Louis VII.

JBL : Pendant cette période, donc, quelle a été l'évolution réelle de la France ?

JM : Pour les historiens du XIXème ou selon ce qu'on en voit aujourd'hui ?

JBL : Evoquons ces deux points de vue.

JM : Ce qui est intéressant en ce qui concerne le XIXème siècle, c'est qu'il y a deux versants: d'une part un mépris pour ce qui est Moyen âge puisque le vocable "Moyen âge" a été" créé à cette époque-là. Pour les gens du début du millénaire, Moyen âge, cela ne veut rien dire, puisque le terme n'existait pas. Ils ne savaient pas qu'ils étaient au Moyen âge. Et d'autre part, c'est le romantisme qui a valu cela, il y a aussi, une idéalisation du Moyen âge. On a les deux. J'ai relu Michelet. Il a fait beaucoup dans le bon et dans le mauvais sens. Il a senti certaines choses. Maintenant, on travaille grâce aux découvertes de gens tels Jean Favier. Mais Michelet, lui avait déjà senti. Donc, au XIXème, il y a à la fois le romantisme et ce mépris pour une période mal connue, obscure pour les scientistes de cette époque.

JBL : Jacques Faugeras, on sait votre amour pour votre ville. Cette période a été très importante pour Sancerre.

JF : J'ai l'impression que pour Sancerre, toutes les périodes ont été importantes: La période de la Réforme a été importante pour Sancerre. La révolution aussi. Et, en lisant Léopold Bonnin, la fin du XIXème, ce siècle des batailles idéologiques a eu des conséquences très importantes sur la ville de Sancerre. Mais le Moyen âge, c'est sûr puisque la première famille comtale, c'était une branche cadette de la famille de Blois Champagne qui était à l'époque bien plus puissante que le roi de France. Ses possessions enserraient littéralement le petit domaine royal de l'époque.

JBL : Pierre Braud, pour vous, cette période, ce sont des gens humbles qui marquent tout de même le vie et la culture.

PB : Ils l'ont marqué en étant accueillant à un fils de noble orphelin qui a été perdu. Ils l’ont recueilli, l'ont élevé. Ils lui ont apporté toute la sécurité matérielle. Mais comme il était un peu faible, ils l'ont confié au prieur de l'abbaye Notre-Dame à Vierzon qui l'a amené à Bourges pour lui faire apprendre le métier de tisserand. Ces braves gens n'ont eu comme rôle d'être accueillant, suivant en quelque sorte les préceptes religieux : la charité et le sens du partage. Ce roman a comme trame une nouvelle éditée par "La Bonne Presse", maison d'édition catholique dans les années 1920. On a voulu faire de cette nouvelle un exemple de conduite, de bonté de courage. Mais, dans la trame de l'intrigue on retrouve une situation géographique et historique très exacte par rapport à celle que nous connaissons. Et il en est de même pour ce qui est des sentiments prêtés aux personnages. On a donc affaire à des gens simples qui ne cherchaient pas à faire des grandes choses, ils cherchaient à vivre simplement et honnêtement dans le respect du prochain, le sens de l'instruction religieuse qu'ils avaient eu.

JBL : Pierre Georges Duhamel, l'inscription du personnage dans son époque, évidemment, est importante pour le déroulement de sa vie.

PGD : La période est importante. Mes amis l'on dit largement. C'est pendant ce temps que le destin de la France s'est fondé. Et Jacques Faugeras a raison de rappeler que cette guerre a duré trois siècles. Il est évident que cela a commencé au temps de Philippe Auguste et que cela s'est achevé avec l'éviction du dernier Anglais de Guyenne, trois siècles plus tard. Je ne vais pas revenir sur tout ce qu'il a fait sur le plan politique. On a parlé de ses châteaux, de ses peintures, de ses sculptures. Ce qui est important, c'est qu'il a été l'inspirateur de tout cela. A une époque où la France était clouée sous la guerre, il a réussi avec son frère de Bourgogne qui y a participé aussi, à faire vivre en France une ère de fleurissement de l'art qui aurait pu être une renaissance française ne devant rien à l'Italie. Bien entendu, tout cela a échoué parce qu'il y a eu Azincourt, parce qu'il y a eu la fin de la guerre qui a été terrible, parce qu'on ne pouvait plus se soucier de ces aspects de la vie. Il n'empêche qu'il y a eu une tentative extrêmement importante. Certains chercheurs américains l'ont reconnu. Ils ont dit qu'il s'était bien passé en France, à l'époque de Jean de Berry, un éveil culturel qui avait malheureusement succombé sous le poids de la guerre, mais qui aurait pu amener la France au niveau de l'Italie, mais avec un siècle d'avance.

 

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