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L'abbaye de Bué

 

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Le bois de l'abbaye vu depuis un pré de Coinche, l'ancien champ de la foire aux sorciers

L'emploi du mot "abbaye" pour désigner le plus vieil établissement religieux de Bué n'a pas manqué de faire réagir. Il est vrai que l'article de Martine Geoffroy sur le Berry d'un jour de 1976 était l'occasion rêvée pour provoquer ce genre de réaction.

 Commençons par reconsulter l'extrait du plan (troisième de haut en bas sur la deuxième ligne) de 1670 du comté de Sancerre, conservé au Château de Chantilly. Ce plan a été dessiné par Nicolas Lallemant, dans les années 1670, pour le prince de Condé, comte de Sancerre.

On remarque que le ruisseau qui suit le vallon de Bué est représenté. Mais pas de bâtiment autour ni à côté. Donc, en 1670, le "prieuré de l'abbaye" n'existait plus. Ou pas. Mais si on se rapproche de deux écrits de la fin du XIXème siècle, on a un peu plus d'éléments.
Le plus connu des deux auteurs, Alphonse Buhot de Kersers, dans sa "statistique monumentale et historique", nous dit:

"L’ABBAYE. – Près de Venoise, on signale aussi des ruines qui ont gardé le nom de l’Abbaye. Il semble que ce doit être une ancienne propriété de l'abbaye de Chalivoy, qui possédait à Bue un domaine ou prieuré que l'on nommait l'hôtel de Bué."

Lucien Jény est plus disert :

"Le bois dit de l'Abbaye - origine de cette appellation - Chalivoy

C'est un des points les plus mystérieux de la vallée de Bué que ce bois de l'Abbaye, d'une cinquantaine d'ares environs, sol de souvenirs, de décombres et de débris, peut-être ancien bois sacré du druide, et où le moine dût supplanter le druide lorsque le culte de la Gaule eût changé.

Malgré cette dénomination de bois de l'Abbaye, il ne paraît pas qu'il ait jamais existé sur cet emplacement d'abbaye proprement dite. L'abbaye de Bué ne figure dans aucun des titres, dans aucun des historiens du Berry que j'ai pu parcourir, à commencer par La Thaumassière, et il faudrait admettre qu'il s'est agi d'une abbaye tellement ancienne qu'ayant été détruite de très bonne heure par suite d'un événement quelconque, son souvenir écrit, en tant qu'abbaye, s'est totalement perdu. Mais là n'est point la vérité. On disait le bois comme les vigne de l'abbaye, parce que ces propriétés étaient des dépendances de l'abbaye de Chalivoy, fondée vers 1133, sur le territoire actuel de la commune d'Herry, à environ quinze kilomètres de Bué.

 Il existe aux archives du Cher, un cartulaire de cette abbaye de Chalivoy, cartulaire dans lequel on trouve, notamment, à la date de 1198, la teneur d'un accord entre le chapitre de l'église métropolitaine de Saint-Etienne de Bourges et les religieux de Chalivoy, au sujet des terres de Coinches, paroisse de Bué. Or le bois et les vignes dites de l'Abbaye sont précisément situés dans le canton de Bué qu'on appelle encore aujourd'hui les Coinches. L'expression Coinches, de Conchis, 1198 (Abb. de Chalivoy), Coenches, 1287 (Chap. de Saint-Etienne de Bourges), Conches, 1460 (Abb. de de Chalivoy), paraît venir du mot Conche, qui signifiait à la fois une mesure de grains et une mesure de terre. Il résulte de cette transaction de 1198, dont je reproduis les termes aux pièces justificatives de la présente étude, qu'il existait aux Coinches, dès cette fin de XIIème siècle, une maison de moines  de Chalivoy. C'était sans doute une sorte de prieuré avec sa chapelle, prieuré auquel d'autres constructions purent s'annexer par la suite, par exemple une vigneronnerie, lorsque la culture de la vigne fut devenue la principale occupation des habitants de ce vallon. Au centre du bois on voit aujourd'hui un espace vide et non boisé qui était occupé anciennement par une vigne, et cela indépendamment des autres vignes dites de l'abbaye faisant face à l'une des lisières de ce bois."

 Le propos de Lucien Jény est suffisamment étayé. De plus, les découvertes de Jacques Auchère attestent de la présence d'un bâtiment sur ce lieu. Et pourtant, en 1670, ce bâtiment a disparu.

Dans un prochain article, nous essaieront de connaître un peu plus sur le secteur de Coinches.

sources consultées :

Lucien Jény, histoire de Bué

Patrimoine du canton de Sancerre, carte de Chantilly 1670

cadastre 1819

article 1975 Auchère

Buhot de Kersers, Bué et Herry

Commentaires

  • Intéressante analyse! De nombreux lieux s'appellent "Bois ou Pré de la Cure", voire "Forêt de l'Abbaye" (Etréchy), alors qu'il s'agissait là de possessions distantes.

    Peut-être existait-il à Bué une grange un un pressoir appartenant à Chalivoy, et qui aurait expliqué la présence sur place d'un bâtiment?

  • Dans un article prochain, nous aurons les preuves qu'il ne s'agit pas d'une simple grange. Preuves matérielles et écrites. Et nous verrons la disparition de ce prieuré, par quoi il a été remplacé et son emplacement présumé.

  • bonjour Michel, intéressantes toutes ces informations... Je croyais (peut être à tort) qu'il y avait aussi une ancienne église vers le monument aux morts ?

  • Vous avez raison. Je vous suggère de lire les précédents articles (notamment Combien d'édifices religieux à Bué ?)... et les prochains qui répondront à beaucoup de vos questions.

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